On nous a tous appris, lors des formations qui nous permettent de devenir de vrais plongeurs, les nombreuses règles élémentaires de sécurité. Savoir utiliser un parachute, veiller à son binôme, éviter de plonger alcoolisé (sans oublier de plonger plein)… Comme on dit, un bon plongeur est un plongeur vivant, n’est-ce pas ? Votre gentil moniteur vous a également rabâché à maintes reprises que l’on ne plonge pas seul… Non non non il ne faut pas ! Et en général tout le monde acquiesce, même ceux qui le font. C’est pourtant une pratique bien plus commune qu’on ne le pense… Alors plonger seul, vous êtes plutôt pour ou contre ?
Pourquoi plonger seul ?
Dans mon entourage de plongeurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, rares sont ceux qui n’ont jamais goûté au plaisir de la plongée « solo ». Car il faut bien le dire, c’est un véritable plaisir ! Une manière de se ressourcer, et de se retrouver en parfaite communion avec la mer. On y a même parfois la dangereuse sensation de pouvoir y rester indéfiniment…
Dès lors que l’on commence à avoir un rythme de plongée régulier, l’idée de tenter l’expérience vous trotte dans la tête. Je me pose du coup la question. Pourquoi ne pas former les plongeurs à partir d’un certain niveau, à la plongée solo ? Leur donner les clés permettant de « bien » plonger seul plutôt que de dire « il ne faut pas le faire »… Non pas de l’incitation, mais de la responsabilisation.
J’ai personnellement l’habitude de plonger seul depuis longtemps. A vrai dire j’ai commencé à le faire alors que je n’étais que niveau 1. Scandaleux crieront certains… Mais je n’ai jamais couru après les niveaux. Le plus important pour moi a toujours été de plonger… plonger… plonger… Et quand je l’ai senti j’ai franchi le pas. Mais toujours de façon modérée. Je n’ai jamais réellement eu la sensation de prendre véritablement de risque en le faisant.
Comment bien plonger seul ?
Partant de mon expérience personnelle, voici quelques points à ne pas négliger si l’envie se faisait plus forte que la raison ! Non pas une liste exhaustive, mais plutôt quelques conseils qui vous aideront à franchir le pas plus sereinement.
Avant toute chose, on ne part pas plonger solo sur un coup de tête ! L’idée n’est pas de pouvoir dire « je l’ai fait ! ». Il faut bien évidemment appréhender la question en amont, lors des plongées précédentes. Et se demander « Est-ce que je peux vraiment le faire ? ».
La question paraît ridicule, mais il faut bien penser qu’une fois qu’on y est… on est seul ! Donc pour le plongeur émotif, et qui peut s’affoler, voire paniquer facilement, je déconseille fortement l’expérience. Je pense d’ailleurs que l’idée ne lui viendra même pas…
Dès lors que vous vous préparez à cela, sélectionner rigoureusement le spot ! Vous devez le connaître comme votre poche. C’est justement peut-être ce spot qui vous choisira comme plongeur solo car en général l’idée vient lorsque l’on se sent parfaitement à l’aise dans un endroit que l’on connaît bien.
Soyez sûr de votre matériel… Ne tentez pas le diable avec un gilet dont l’inflateur se bloque une fois sur deux. Ou un bloc gonflé au fond d’un garage sans ventilation (j’exagère mais l’idée est là !).
Emportez avec vous tout votre matériel de sécurité : le parachute de palier évidemment (en sachant parfaitement l’utiliser !). Éventuellement un deuxième masque, une boussole, un couteau car il faut toujours imaginer le pire comme se prendre les palmes ou l’inflateur dans un vieux filet de pêche. Vous vous retrouvez emmêlé et c’est la panique assurée !

Plonger seul procure un immense plaisir… Encore faut-il être bien préparé !
Avant de partir, soyez sûr de votre état de santé ! Fatigue, rhume sont des facteurs qui devraient inciter à reporter cette plongée à un autre jour. Sans parler de la gueule de bois de la veille… Pour moi, c’est simple, lorsque je prévois de plonger seul, l’alcool est totalement interdit la veille. Pensez également à bien vous hydrater avant de vous mettre à l’eau.
Soyez aussi certain d’avoir bien lu les prévisions météo. L’état de la mer peut vite changer et une mauvaise surprise est vite arrivée. Comme la plongée solo rime souvent avec plongée du bord, si la mer se lève vous risquez d’avoir du mal à revenir au bord. Personnellement, je fais confiance au site Météo Ciel avec par exemple les prévisions météo pour Marseille.
Une fois à l’eau, le plaisir commence ! Vous verrez que ce sentiment d’avoir la mer à soit vous remplira d’émotions. Profitez pleinement de l’aventure, mais ne vous oubliez pas ! Personne ne viendra vous tapoter à l’épaule pour vous demander où en est votre consommation d’air. Alors la vigilance est de rigueur. La prise de risque est également à bannir : si une quelconque raison venait à perturber votre évolution, ne réfléchissez pas à deux fois pour faire demi-tour. J’ai déjà fait demi-tour rien qu’à la vue d’un filet de pêche que j’aurais pu facilement survoler…
Lorsque je plonge seul, j’évite également les plongées trop profondes. Et me cantonne en général aux 15-20m maximum, ce qui vous évitera aussi de rentrer dans un profil avec palier de décompression.
Plonger seul est un mode de plongée qui plaît particulièrement aux photographes. Prendre tout son temps pour faire une photo, allez à son rythme, est un plaisir que l’on savoure grandement.
Dans tous les cas, pensez à prévenir une personne de l’endroit exact où vous allez plonger, sans oublier de l’appeler à votre sortie.
Peut-on se former à plonger seul ?
Les mentalités ayant évolué ces dernières années, certains organismes de formations, outre l’attrait financier de créer tout un panel de cours payant, ont mis au point des certifications permettant sous certaines conditions de plonger seul. C’est le cas par exemple de SDI, avec la formation Solo Diver.
Et puis si finalement vous estimez que plonger seul n’est pas pour vous, dites-vous qu’il y aura toujours un buddy ou deux pour venir vous accompagner !
Alors, la plongée solo, vous en pensez-quoi ?
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22 commentaires
Pensons aussi aux moniteurs qui plongent « pire que seuls » : Ils ne peuvent pas vraiment compter sur leurs élèves, alors que leurs élèves auront bien souvent besoin d’eux !
Je suis un peu surpris que le mot clé « redondance » n’aie pas été cité. Deux sources distinctes de gaz me paraissent une option très intéressante 😉
Je pense que déjà être sûr de SON matériel (éviter le matériel de location par exemple, ou même le matériel d’un ami), que l’on fait réviser régulièrement, que l’on entretien et que l’on connait est déjà une bonne chose et permet de minimiser les risques.
Et comme je l’ai dit, ne jamais tenter le diable !
Plusieurs agences proposent des formations « SOLO DIVER » ( PADI, TDI, SDI, …).
Ça permet de formaliser et de sensibiliser le plongeur.
Et pour ce qui est des formations SOLO DIVER… je suis pour à 100%, ça doit être d’une part très formateur, et d’autre part au lieu de crier au scandale face au plongeur solo, il vaut mieux donner les clés pour le faire dans les meilleures conditions !
Comme je le dis dans l’article, il m’est arrivé plus souvent de me sentir en danger avec un binôme que je ne connais pas (le genre de binôme qu’on te colle dans un club… encore eu l’exemple avec un pote récemment qui a frôlé l’accident à cause du binôme avec lequel il s’est retrouvé)… que seul. A vrai dire, je ne me suis jamais senti réellement en danger tout seul. Pour moi en tout cas, au moindre flip, c’est demi tour !
Pour ma part, le jour où je plongerai seul, j’aurai suivi une formation et j’aurai un pony afin de ne pas à avoir à faire une RSE.
Ceci dit toutes les précautions citées valent en solo ou accompagné.
Pour terminer la plongée seule n’est pas interdite, elle l’est en fédération, cadre juridique oblige.
La plongée solo n’est pas du tout interdit, tu fais bien de le préciser ! En fait, hors cadre fédéral, je crois bien que rien n’est interdit en plongée… même la plongée sans niveau ! Chacun fait ce qu’il veut, puisque de toute façon aucune carte de niveau n’est demandé pour louer du matériel.
Heureusement, les gens ont bien conscience du danger. Cette conscience qui peut parfois disparaître dès lors que les étoiles se multiplient sur leur carte…
Effectivement comme le dit Nicolas, les moniteurs sont souvent pire que seuls… Ce n’est pas faux.
Quel pied de se retrouver tout seul sur une patate, entouré d’anthias, de suivre une tortue, de s’aventurer dans une épave. Je dirai que la redondance est la clé : deux masques, deux parachutes, deux outils tranchants, deux torches, deux dévidoirs et bien sur deux sources d’air. Cela peut-être deux détendeurs sur une double sortie chacune avec robinetterie indépendante ou, comme mon cas, un pony 6l supplémentaire (en Egypte les doubles sorties ne sont pas encore légion) qui me permet aussi de faire de la teck car équipé oxy.
Combien de fois je me suis retrouvé avec des binômes que je ne connaissais pas, qui faisaient n’importe quoi et ressortaient au bout de 30 min car ils avaient sifflé leur bouteille comme des boeufs alors que j’avais encore 100-120 bars.
C’est une question de choix, mais je reste persuadé que la plongée solo, parce que le plongeur est plus responsable, est par certains égards moins dangereuse que la plongée binôme. Ce n’est que mon avis et n’engage que moi. Si certains se sentent plus à l’aise dans une palanquée et qu’ils prennent leur pied ainsi, et bien, mesdames, messieurs, bonnes bulles ! 🙂
On en revient à l’idée qu’à deux on maximise normalement la sécurité, mais on augmente également les risques. Quand on plonge seul, on sait très bien que l’on ne peut compter que sur soit, et on est donc bien plus vigilent sur plus de point.
En plongee, je passe de plus en plus de temps a faire de la photo, et forcement je peux etre amené a « oublier » un pru mon binome, qui lui trouve parfois le temps long (mais pourquoi rester plusiueurs minute en admiration devant une pauvre crevette ????)
Cet ete, une experience dans le cadre d’un concours photo, durant laquelle les photographes se retrouvaient regulierement tres eloignes des autres plongeurs, mais : plongee au nitrox, sans decompression (meme sur epave avec fond a 30 metres), eau super claire, pas de courant donc pas d’effort, eau chaude, une personne en surface, …
Que du plaisir, mais une certaine experience s’impose : bien connaitre le site, je ne suis pas sur que ce soit 100% utile, mais se connaitre soi meme ! (sa consommation habituelle, …) et reviser reguLirement son materiel (meme si ce n’est pas une garantie)
Une destination parait tres adaptee : Bonnaire, avec loc d’une maison + pick-up + bouteille, et avant pour l’aventure : plongee du bord « illimitee » – avez vous deja teste ?
D’où l’intérêt de ne le faire que dans certaines conditions et de s’y tenir ! Ça c’est mon avis… Pour moi la bonne connaissance du site est primordiale. En effet, lorsque l’on découvre un site pour la première fois, on ne sait pas forcément où l’on va, on peut être surpris par des courants, on peut être tenté d’aller un peu plus loin/profond pour voir… Bref on multiplie les risques.
Pour se qui est justement de la « conso habituelle »… il peut y avoir tellement de variations ! froid, chaud, courant, stress, fatigue, etc…
Bonaire ! Jamais testé mais j’avoue que le principe me plaît beaucoup… Mais à mon sens à ne pas faire en solo !
Plusieurs fois en lac. la plus profonde 45 m concentration maxi matériel au top, respiration douce, boussole pour le retour, lampe, sa m’a permis de me prouver que je n’étais pas un trop mouvai plongeur.