Plonger seul : pour ou contre ?

par Anthony LEYDET... Plongeur bio
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Plonger seul, pour ou contre

Nous avons tous appris, lors des formations qui nous permettent de devenir de vrais plongeurs, les nombreuses règles élémentaires de sécurité. Savoir utiliser un parachute, veiller à son binôme, éviter de boire de l’alcool avant une immersion… Comme on dit, un bon plongeur est un plongeur vivant, n’est-ce pas ? Votre gentil moniteur vous a également rabâché à maintes reprises que l’on ne plonge pas seul… « Non non non, il ne faut pas, c’est mal ! » Et en général tout le monde acquiesce, même ceux qui le font. C’est pourtant une pratique bien plus commune qu’on ne le pense… Alors plonger seul, vous êtes plutôt pour ou contre ?

Pourquoi plonger seul ?

Dans mon entourage de plongeurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, rares sont ceux qui n’ont jamais goûté au plaisir de la plongée « solo ». Car il faut bien le dire, c’est un véritable plaisir ! Une manière de se ressourcer, et de se retrouver en parfaite communion avec la mer. On y a même parfois la dangereuse sensation de pouvoir y rester indéfiniment…

Dès lors que l’on commence à avoir un rythme de plongée régulier, l’idée de tenter l’expérience vous trotte dans la tête. Je me pose du coup la question. Pourquoi ne pas former les plongeurs à partir d’un certain niveau, à la plongée solo ? Leur donner les clés permettant de « bien » plonger seul plutôt que de dire « il ne faut pas le faire »… Non pas de l’incitation, mais de la responsabilisation.

J’ai personnellement l’habitude de plonger seul depuis longtemps. A vrai dire j’ai commencé à le faire alors que je n’étais que niveau 1. Scandaleux crieront certains… Mais je n’ai jamais couru après les niveaux. Le plus important pour moi a toujours été de plonger… plonger… plonger… Et quand je l’ai senti j’ai franchi le pas. Mais toujours de façon modérée. Je n’ai jamais réellement eu la sensation de prendre véritablement de risque en le faisant.

Comment bien plonger seul ?

Partant de mon expérience personnelle, voici quelques points à ne pas négliger si l’envie se faisait plus forte que la raison ! Non pas une liste exhaustive, mais plutôt quelques conseils qui vous aideront à franchir le pas plus sereinement.

Avant toute chose, on ne part pas plonger solo sur un coup de tête ! L’idée n’est pas de pouvoir dire « je l’ai fait ! ». Il faut bien évidemment appréhender la question en amont, lors des plongées précédentes. Et se demander « Est-ce que je peux vraiment le faire ? ».

La question paraît ridicule, mais il faut bien penser qu’une fois qu’on y est… on est seul ! Donc pour le plongeur émotif, et qui peut s’affoler, voire paniquer facilement, je déconseille fortement l’expérience. Je pense d’ailleurs que l’idée ne lui viendra même pas…

Dès lors que vous vous préparez à cela, sélectionner rigoureusement le spot ! Vous devez le connaître comme votre poche. C’est justement peut-être ce spot qui vous choisira comme plongeur solo car en général l’idée vient lorsque l’on se sent parfaitement à l’aise dans un endroit que l’on connaît bien.

Soyez sûr de votre matériel… Ne tentez pas le diable avec un gilet dont l’inflateur se bloque une fois sur deux. Ou un bloc gonflé au fond d’un garage sans ventilation (j’exagère mais l’idée est là !).

Emportez avec vous tout votre matériel de sécurité : le parachute de palier évidemment (en sachant parfaitement l’utiliser !). Éventuellement un deuxième masque, une boussole, un couteau car il faut toujours imaginer le pire comme se prendre les palmes ou l’inflateur dans un vieux filet de pêche. Vous vous retrouvez emmêlé et c’est la panique assurée !

Plonger seul procure un immense plaisir… Encore faut-il être bien préparé !

Avant de partir, soyez sûr de votre état de santé ! Fatigue, rhume sont des facteurs qui devraient inciter à reporter cette plongée à un autre jour. Sans parler de la gueule de bois de la veille… Pour moi, c’est simple, lorsque je prévois de plonger seul, l’alcool est totalement interdit la veille. Pensez également à bien vous hydrater avant de vous mettre à l’eau.

Soyez aussi certain d’avoir bien lu les prévisions météo. L’état de la mer peut vite changer et une mauvaise surprise est vite arrivée. Comme la plongée solo rime souvent avec plongée du bord, si la mer se lève vous risquez d’avoir du mal à revenir au bord. Personnellement, je fais confiance au site Météo Ciel avec par exemple les prévisions météo pour Marseille.

Une fois à l’eau, le plaisir commence ! Vous verrez que ce sentiment d’avoir la mer à soit vous remplira d’émotions. Profitez pleinement de l’aventure, mais ne vous oubliez pas ! Personne ne viendra vous tapoter à l’épaule pour vous demander où en est votre consommation d’air. Alors la vigilance est de rigueur. La prise de risque est également à bannir : si une quelconque raison venait à perturber votre évolution, ne réfléchissez pas à deux fois pour faire demi-tour. J’ai déjà fait demi-tour rien qu’à la vue d’un filet de pêche que j’aurais pu facilement survoler…

Lorsque je plonge seul, j’évite également les plongées trop profondes. Et me cantonne en général aux 15-20m maximum, ce qui vous évitera aussi de rentrer dans un profil avec palier de décompression.

Plonger seul est un mode de plongée qui plaît particulièrement aux photographes. Prendre tout son temps pour faire une photo, allez à son rythme, est un plaisir que l’on savoure grandement.

Dans tous les cas, pensez à prévenir une personne de l’endroit exact où vous allez plonger, sans oublier de l’appeler à votre sortie.

Peut-on se former à plonger seul ?

Les mentalités ayant évolué ces dernières années, certains organismes de formations, outre l’attrait financier de créer tout un panel de cours payant, ont mis au point des certifications permettant sous certaines conditions de plonger seul. C’est le cas par exemple de SDI, avec la formation Solo Diver.

Et puis si finalement vous estimez que plonger seul n’est pas pour vous, dites-vous qu’il y aura toujours un buddy ou deux pour venir vous accompagner !

En résumé : Plonger seul, oui, mais jamais à la légère

S’aventurer en solo sous la surface n’est donc pas un choix anodin. C’est une pratique exigeante, réservée aux plongeurs expérimentés, rigoureux et parfaitement équipés. Si l’appel du silence et de l’autonomie vous tente, voici les mesures essentielles à respecter pour que l’expérience reste synonyme de plaisir – et non de danger :

  • Se former spécifiquement : Une certification dédiée à la plongée solo (comme le Solo-Diver) n’est pas un luxe, mais une nécessité.
  • Accumuler de l’expérience : Un minimum de 100 plongées autonomes est fortement recommandé avant de plonger seul.
  • Doubler son matériel : Deux sources d’air indépendantes, un ordinateur de secours, un couteau supplémentaire… chaque élément compte. Et surtout du matériel en bon état et révisé !
  • Préparer sa plongée comme une mission : Planification détaillée de l’itinéraire, gestion des gaz, estimation précise du temps et des risques.
  • Prévenir quelqu’un à terre : Laisser son plan de plongée à une personne de confiance avec l’heure de retour prévue.
  • Choisir des conditions parfaites : Bonne visibilité, mer calme, absence de courant, météo stable – aucun compromis sur l’environnement.
  • Être prêt mentalement et physiquement : Capacité à rester calme en cas de souci, excellente condition physique, autonomie totale.

La plongée solo est un défi personnel, une quête de liberté… mais elle ne supporte ni l’improvisation ni l’ego. Bien préparée, elle peut offrir des instants rares, presque méditatifs. Mal anticipée, elle peut se révéler impardonnable…

Alors, la plongée solo, vous en pensez-quoi ?

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