C’est incroyable comme une plongée tout à fait banale peut devenir en un battement de cil d’un intérêt bien plus grand. Certains d’entres vous l’auront déjà deviné… c’est forcément de biologie marine dont je vais vous parler !
C’était il y a quelques jours, sur un de mes sites favoris que sont les Jardins de Sausset sur la Côte-Bleue. Nous voici partis pour une petite plongée de remise en forme, même si l’eau est encore bien fraîche… 12°. Oui je vois bien arriver les plongeurs d’eau douce me dire « Oh… 12° et il se plaint ??? » Oui ok… mais je reste en combinaison humide toute l’année… quitte à plonger, autant être mouillé ! 😀 (jusqu’à ce que je passe à une semi-étanche…) 😛
Une petite plongée tranquille, où tout se passe bien, et pendant laquelle on se dit « Quel bonheur d’être sous l’eau »… Et puis en passant le long d’un petit tombant, mes yeux se focalisent sur un banal concombre de mer que je venais de survoler. Banal… mais peut-être pas tant que ça… Un peu étonné en pensant « Tiens, me parait pas pareil que les autres celui-ci »… Le réflexe du photographe bio prit le relais, et je commençais à flasher cette pauvre bête dans tous les sens… Et la plongée repris son cours…
Une fois revenu devant mon écran, je m’empressais de décharger les photos (fameux rituel du plongeur bio obsédé par ses photos…) et commençais les recherches pour m’éclaircir les idées… En plein dans le mille ! Il s’agit bien d’une espèce particulière.
Les concombres de mer (holothuries) que l’on rencontre aux alentours de la régions marseillaise sont généralement Holothuria tubulosa (le plus courant) et Holothuria forskalii (noir avec les piquants blancs). L’espèce que j’ai repéré à Sausset est Holothuria sanctori. Là où ça devient intéressant, c’est qu’il s’agit d’une espèce thermophile, fréquentant des eaux plutôt chaudes. C’est ainsi qu’on la rencontre dans le sud de la Méditerranée, en Corse et éventuellement un peu sur la Côte d’Azur. Sur le site Doris, elle est décrite comme absente à Marseille et à l’ouest de Marseille, où l’eau est plus fraîche car la zone est plus exposée au mistral. Jo Harmelin me confirmera n’en avoir vu qu’à Cassis et à la Ciotat. Nous voici en présence d’une espèce bio-indicatrice du réchauffement climatique, qui suscite l’intérêt des scientifiques. Normallement, elle diffère un peu plus des autres holothurie, par des auréoles de couleurs claires présentes au niveau des piquants.
Ce jour là , l’eau était à 12° et la photo a été prise à environ 12-13m de profondeur. Je vais désormais ouvrir l’oeil et noter chaque rencontre avec cette espèce. Si vous la rencontrez également dans la région marseillaise ou plus à l’ouest, n’hésitez pas à m’en faire part ;-).
Bonnes bulles à tous !
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3 commentaires
12 degrés! pour une espèce thermophile elle assure! faudra changer son nom,Holoturia daktari…( bruit des tambourins )
Les 12 C c’était après une période de mistral ?
Intéressant de fait de voir ces organismes suivrent le réchauffement des eaux !
Oui y’avait eu un peu de mistral avant… mais 12° l’hiver n’est pas rare sur la côte bleue. J’y suis retourné il y a quelques jours, mais je n’en ai pas trouvé… Affaire à suivre !